Près de trois cents auteurs, une centaine de rendez-vous : la prochaine édition de la manifestation bordelaise, désormais qualifiée de « Festival des créations littéraires », se tiendra à Sainte-Croix les 5, 6 et 7 avril. Entretien avec son directeur, Laurent Flutto. Quels seront, en littérature, les temps forts de cette nouvelle Escale ? La lecture musicale par Jean-Baptiste Del Amo de son Pornographia,ou celle d’Alban Lefranc, auteur Verticales, sont pour moi des rendez-vous très représentatifs de l’identité de L’Escale. Mais les rencontres plus traditionnelles, avec Marie NDiaye, Alaa El Aswany ou encore avec Alessandro Baricco, seront aussi, sans aucun doute, des temps marquants de cette onzième édition. Et sous une autre forme, les grands débats, qui invitent des écrivains à partager leur regard sur le monde contemporain, sur leurs propres mondes : ils réunissent chaque année un public important, curieux, attentif aux questions qui traversent la littérature en particulier, l’actualité en général. Une Escale à la fois grand public et très littéraire ? C’est avant tout un pari et une exigence. Cette ambition littéraire nourrit L’Escale mais alimente également ses contradictions. Comment donner à voir ce que sont les littératures aujourd’hui, en 2013, si ce n’est en restant ouverts à la diversité éditoriale ? Nos choix s’inscrivent en permanence dans cette double dynamique. Le public est invité à échanger avec des écrivains déjà identifiés, repérés, comme il est sollicité pour des rencontres plus rares, singulières : discuter des révolutions du monde arabe ou des discriminations, mais croiser l’intimité littéraire d’Yves Ravey ; évoquer Aimé Césaire ou Louis-Ferdinand Céline, mais se frotter aussi à l’écriture de Gianni-Grégory Fornet… L’Escale est une des très rares manifestations littéraires qui s’affranchissent du cadre thématique habituel… C’est vrai : il est d’ailleurs sans doute plus risqué de ne pas avoir de fil rouge que l'inverse. Néanmoins, cela nous offre une liberté certaine dans nos choix éditoriaux, dans notre organisation en général et dans nos partenariats en particulier. L’Escale peut ainsi alterner des collaborations avec des théâtres, des cinémas, des bibliothèques, des galeries ou des musées. L’événement semble conçu comme un laboratoire. Une rupture avec le traditionnel « salon du livre » ? L’Escale, comme un lieu d’expérience, cherche à multiplier les approches de la littérature. Le cube (container) constitue pour cela un espace privilégié. On y découvrira notamment cette année le travail de Jane Sautière (Dressing, Verticales) ou des éditions Ouïe/Dire, parmi d’autres propositions littéraires, nombreuses, associant lectures et projections, écrivains, musiciens et illustrateurs.La création numérique sera d’ailleurs au programme de cette onzième, avec l’installation nomade d’Isabelle Delatouche et Romain Ricordel, ou la présentation par François Bon, Jean-Daniel Magnin et Vincent Lecoq des laboratoires éditoriaux que sont Publie.net et la revue collaborative Ventscontraires.net. En littérature même, L’Escale n’est pas qu’un salon : c’est un lieu de propositions. Créations et tentatives, petites formes ou grandes lectures, cheminements et aboutissements – elle s’efforce d’être la plus foisonnante possible. Propos recueillis par Elsa Gribinski www.escaledulivre.com